J'ai besoin de parler. Je n'attends pas forcément de réponse, j'ai juste besoin de parler. J'ai l'impression d'étouffer. Je cherche du réconfort chez mes deux meilleurs amis, sans toutefois pouvoir en trouver.

Je suis une éternelle insatisfaite. Je n'arrive pas à être heureuse. Je n'arrive pas à me contenter de ce que j'ai. Je dois toujours critiquer, j'ai besoin d'être malheureuse. Dès qu'un truc heureux arrive dans ma vie, je suis obligée de le détruire, de le saccager, de le mettre en ruine. Je suis malheureuse. Malheureuse de quoi ? Je ne saurais dire exactement. J'ai le mal de vivre.
J'ai des amis. J'ai une maison. J'ai une famille. J'ai de l'argent. J'ai de l'amour. J'ai la culture. J'ai pour ainsi dire absolument tout. Je n'ai rien traversé de vraiment traumatisant dans ma vie, sauf peut-être le fait que ma mère m'ait abandonnée. J'ai toujours eu une famille et des amis aimantes, je n'ai jamais manqué de rien.
Oui, j'ai presque la vie parfaite.
Et je n'arrive pas à être heureuse.

Chacune de mes amitiés se terminent à cause de mes actes. J'ai rompu avec mon dernier petit ami alors que je l'aimais toujours -sans aucune raison. Je détériore mes relations familiales pour rien. Je me frustre moi-même en me mettant des bâtons dans les roues. J'ai envie de me sentir mal.
À tel point qu'il m'arrive de rendre copie blanche à un contrôle pour dire : Voyez ! Voyez ma nullité.
Je veux avoir mal. Je me coupe pour avoir mal. Je fais des conneries pour me sentir mal. Je brise des amitiés pour brûler au fond de moi. Je me détache des gens pour sentir la douleur de l'abandon.

Je dois toujours tout foutre en l'air.
Et lorsque j'ai mal, je me sens... Je ne me sens pas, justement. J'ai juste l'impression d'être un gros trou où l'air passe.
Et puis je n'aime pas ce monde. Je n'aime pas cette société, je n'aime pas les gens, je n'aime pas les relations. Est-ce que j'aime seulement écrire ? Je ne veux pas avoir un travail, je ne veux pas continuer ma vie, je ne veux rien de tout cela. J'aimerais juste être une entité. J'aimerais être un meuble. Là, sans penser, sans réfléchir, juste être là.
Je ne veux pas vivre.
Je ne veux pourtant pas mourir non plus.
...

Je pense que malheureusement ce sont des problématiques auxquels nous sommes nombreux à être confrontés... J'ai connu des gens comme ça, et j'ai moi-même été touchée par ce "syndrome", à plusieurs reprises, à différents niveaux. Je pense que le meilleur moyen de s'en sortir, c'est d'en avoir le courage. Se forcer. S'empêcher de faire des conneries. Le soutien des proches aide, mais si on ne cherche pas à s'en sortir, on ne peut pas s'en sortir. Je sais que c'est facile à dire comme ça, je sais aussi à quel point c'est difficile à réaliser véritablement, ça demande du temps, des mois, des années parfois, il y a des rechutes, des moments de faiblesse... ça ne peut que venir de toi. Auto-persuasion, ma meilleure amie. Et peut-être aussi bonheur, objectif. Mais c'est bête, parce que ce super moyen de s'en sortir, tu t'en prives aussi, comme si tu voulais rester dans ta coquille. Enfin, je dis tu, je me trompe peut-être, je fais des suppositions à partir de l'expérience que j'en ai en vérité...
À la fois je te comprends et à la fois, je me bats actuellement contre ça. Alors j'ai envie de t'encourager à faire comme moi, même si je n'ai pas la solution miracle, même si moi aussi il m'arrive d'y repenser, de faire des "crises", de me remettre à me faire du mal et à péter des câbles, et quelque part, la présence de mon copain m'aide beaucoup. Il m'a redonné goût à la vie, il m'a donné un rêve. Il faut réussir à se faire violence, se "battre soi-même" ; on est à la fois notre meilleur allié et notre pire ennemi, comme j'aime dire. Il faut apprendre à prendre soin de nous-mêmes. Même si je dis que mon copain m'aide beaucoup aujourd'hui, le déclic, je l'ai eu seule. C'est possible. Il faut beaucoup de courage, de la volonté, et surtout, ne jamais abandonner. Se décourager parfois, ou souvent, peut-être, mais jamais abandonner. J'en ai, du moins, l'intime conviction.
Je ne peux pas dire que je te comprends, car on vit tous les choses différemment et j'ai toujours eu malgré moi un esprit de sauvegarde - l'abandon, ma hantise. Mais j'essaie quand même de te donner quelques clefs pour essayer d'aller mieux.

Alors je te dis courage ma belle, et si tu as besoin de parler, je suis toute à ton écoute ça me fait de la peine de te voir dans cet état-là. J'espère te voir bientôt