♣ MESSAGES : 103 ♣ ANNIVERSAIRE : 21/04/1995 ♣ ÂGE : 29
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| Sujet: Bonne lecture ! Mer 22 Aoû - 10:55 | |
| Bon je voulais votre avis sur des histoires que j'écris qui sont en cours, des nouvelles et des trucs du genre :) Cimer de critiquer
L'histoire du sociopathe (pastrouvédenomencore)
- Spoiler:
Je sais qu’elle n’a plus les mêmes sentiments pour moi, je le vois dans son regard. Elle est perdue, je crois, je n’arrive pas vraiment à comprendre ce qu’elle ressent. Elle est si différente de moi, tellement ... humaine. Je ne lui parle plus, ou très peu, de peur qu’elle soit prise d’une nouvelle crise, peut-être plus violente que les autres. Je sais qu’elle ne me supporte plus, elle me le dit à longueur de temps : elle ne veut plus me voir ou alors elle me hait profondément, tout dépend des moments. La voir pleurer ne me fait pas grand chose, un léger picotement dans la poitrine mais ça s’arrête là. Néanmoins, je n’aime pas la voir dans cet état de faiblesse énorme, elle ferait n’importe quoi pour mettre fin à sa vie parfois. Non elle n'est pas folle, loin de là, on va dire qu'elle a des faiblesses plus importantes que chez les autres. Elle est différente, torturée, etc … mais cela ne l'empêche pas d'être une mère plutôt exceptionnelle vu le fils que la nature a daignée lui donner. Elle a un peu raté sa vie à cause de moi, tous ses problèmes sont présents par ma faute et même si cela ne me fait rien, c'est ainsi.
- Dimitri, viens manger !
Je me redressais légèrement de mon lit. Manger, c’était une bonne idée, je crois que mon corps en ressentait le besoin. Pour moi, ce n'était pas très important de me nourrir, il m'arrivait de ne pas manger pendant plusieurs jours quand j'étais seul. J'étais peut-être un être humain bizarre après tout. Peut-être ? Sûrement même. Je me passais la langue sur les lèvres, ébouriffais légèrement mes cheveux et me levais, chancelant un instant du haut de ma grande carcasse. J’enfilais mon sweater noir et ouvrais la porte de ma chambre, déboulant dans les escaliers. Elle n’aimait pas ça, je le savais. Mais je ne le faisais pas exprès, c’est juste que j’avais faim et que je voulais manger le plus vite possible. Je n’aurais pas du faire ça, mais c’était déjà trop tard, ses cris perçants retentirent dans ma tête avant même que je n’ai posé un pied dans la cuisine.
- Merde Dimitri, je t’ai déjà dit que je ne voulais pas que tu coures dans la maison ! Tu le sais très bien, ça fait un bruit incroyable et je ne supporte pas ça ! - Désolé maman, j’avais oublié ... - T’excuses pas, je sais que tu t’en fou.
Je voulus répliquer mais elle m’avait déjà tourné le dos, s’enfuyant dans la salle à manger. Non je ne m’en foutais pas, c’est que juste que je ne pouvais pas faire mieux. Elle ne supportait pas que je m’excuse, je ne comprenais pas pourquoi mais à chaque fois c’était une bonne raison pour me faire une crise. Je soufflais, peut-être d’exaspération, de soulagement ? et me dirigeais vers la petite table de notre petite salle à manger. Tout était trop petit dans cette maison. Je m’installais en fixant mon assiette et je me mis à manger, lentement, attendant que la foudre me tombe dessus. Je sentais sur regard sur moi ; elle ne mangeait même pas, trop occupée à me fixer. Elle pensait sûrement que cela allait m’atteindre, que sa colère allait pouvoir atteindre un cœur qui n’existait pas. Je relevais finalement la tête, plongeant mon regard dans le sien, ce qui la fit détourner le regard. Je persistais, la détaillant calmement, attendant qu’elle daigne m’accorder un regard. Natalia, une grande brune d’un mètre soixante quinze. Elle est russe. Comme toutes les russes, elle a la mâchoire large et carrée, des pommettes saillantes et des joues creuses. Elle est pâle, avec des lèvres pulpeuses légèrement rosées. Un nez petit et droit, des sourcils fins et sombres soulignant des yeux étroits et allongés, d’un bleu gris acier. Il paraît qu’elle est jolie, personnellement je suis incapable de le dire. Après tout c’est ma mère alors ça ne doit pas être très important de savoir si elle l’est ou pas. Elle relève son regard, repousse une mèche rebelle de devant ses yeux et plonge son regard dans le miens. Elle est en colère : ses mâchoires sont crispées, son regard est plus sombre que d’habitude et ses lèvres se pincent fréquemment. J’incline légèrement la tête sur le côté, attendant ses reproches.
- J’ai toujours été là pour m’occuper de toi, et tu ne fais aucun effort ! J’en ai vraiment marre de toi, de tout, de cette maison. Tu sais que c’est dur pour moi mais tu t’en fou, tu ne fais que rester allonger dans ce lit miteux, tu ne travailles pas à l’école, je ne sais plus quoi faire de toi ! Tu ne me parles même plus, tu restes dans ton coin et je ne suis bonne qu’à te faire à manger !
Je la fixais longuement, elle reprenait sa respiration. Ses joues étaient devenues rouges : elle passait ses nerfs sur moi. Je n’avais plus envie de répondre, en fait je n’avais jamais envie de lui répondre quoi que ce soit. Je me raclais la gorge, elle se tendit vivement, elle fronça légèrement les sourcils : inquiétude. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir lui dire, pour une fois que je parlais, c’est ce qu’elle se demandait. J’aimais bien faire durer le suspens et déchiffrer toutes les émotions qui passaient sur son corps. C’est ce que j’avais appris à faire au fil du temps, en plus de mentir.
- Je ne m’en fou pas, tu le sais très bien. Je ne suis pas le fils idéal non, je ne l’ai jamais été et je ne le serais jamais. Ne me rends pas responsable de tout ce qui t’arrive sous prétexte que tu ne vas pas bien.
Je crois que j’aurais du me taire sur le moment. Elle se leva et se mit à crier, je n’écoutais même pas. Je continuais de manger, tranquillement, ses cris me passaient au travers; j’y étais insensible depuis bien longtemps. Quand elle eut finit, je me levais lentement, repoussais ma chaise sous la table et je plongeais mon regard neutre dans le sien. Je l’observais un instant : elle bouillonnait de fureur, je crois que je ne l’avais jamais vu dans cet état là.
- Tu sais, je ne suis pas responsable du fait que papa se soit tiré. Je ne suis pas le seul fautif de tout dans cette maison, tu devrais le savoir, non ? lui glissais-je d’un ton doucereux.
Ce fut sûrement la phrase de trop. Sa main heurta ma joue, avec toute la force qu’elle pouvait y mettre. Ce n’est pas grand chose pour moi, elle n’était pas vraiment la femme la plus musclée que j’ai vu. Elle fondit en larmes et je compris que j’étais allé beaucoup trop loin. Elle se laissa glisser contre le mur, se recroquevillant sur elle-même, cachant sa tête dans ses genoux. Elle n’avait jamais mérité cette vie, et encore moins de se faire lâcher à cause de moi, principalement. Je m’approchais lentement d’elle, m’accroupissais et la serrais contre moi, la laissant pleurer contre ma poitrine. Je n’aurais pas du lui faire du mal comme ça, mais je n’arrivais pas à me retenir. C’était bien la seule chose qui m’échappait chez l’être humain : comment il avait mal. Je comprenais la douleur physique, d’ailleurs je la ressentais bien sur ma joue en ce moment, mais le cœur était un mécanisme bien trop profond pour moi. Je ne pouvais pas comprendre, je n’y étais jamais parvenu et je n’y aspirais même plus. Ce n’était pas dans mon tempérament, j’avais fini par le comprendre au bout d’un certain temps. Elle sursauta, renifla bruyamment et s’écarta brusquement de moi, me repoussant. Je me rattrapais contre le mur, l’observais un instant puis je me redressais. Elle n’avait plus besoin de moi, c’était son choix. Je me glissais près de la table et débarrassais lentement. Au bout d’un moment, elle n’était plus dans la salle à manger : elle avait du s’enfuir je ne sais où. Elle faisait souvent ça et j’avais fini par l’oublier complètement dans ces moments-là. Je vivais très bien sans elle, j’étais assez grand pour ça et même si elle pouvait me manquer - légèrement - j’étais habitué à son absence plutôt qu’à sa présence. Je me glissais près de l’évier, dans l’étroitesse de notre cuisine et observais la vaisselle sale. Elle la faisait rarement. Je ne soupirais même pas, allumais l’eau et faisais la vaisselle le plus lentement possible : ça faisait passer le temps. Ce n’était pas que je n’avais rien à faire mais il fallait avouer que le dimanche n’était pas le jour le plus pris de la semaine. Certains devaient faire du sport, des sorties mais ce n’était pas mon cas : je n’aimais pas beaucoup de sport, même si j’étais doué en tout, et je n’avais pas d’amis ni de famille pour sortir. Enfin si, ma mère mais elle ne voulait jamais me supporter, comme si elle ne pouvait pas m’assumer. De toute façon, je ne comprend rien à l’être humain et ça ne m’intéresse pas plus que ça non plus. J'avais fini la vaisselle. Je séchais tout avec minutie – je pouvais être un peu maniaque quand l'ennui me prenait – et rangeais les assiettes et toute la tribue dans les placards. Je me raclais la gorge et jetais un coup d’œil vers la porte d'entrée quand elle claqua sauvagement. Elle venait de rentrer, j'avais intérêt à faire profil bas. Même si je m'en fichais qu'elle me hurle dessus ou pas, elle ne m’atteindrait jamais de toute façon. Je me faufilais dans les escaliers, l'esquivant au passage et je montais les marches deux à deux jusqu'à atteindre ma chambre. Je fermais la porte derrière moi et m'installais sur mon lit, fixant le plafond avec insistance. Je l'entendait déjà râler en bas, comme quoi j'avais fait telle ou telle chose de mal. Je ne pris même pas la peine de lui répondre quand elle m’appela. Je restais stoïque quoi qu'elle fasse et c'est probablement ce qu'elle supportait le moins bien chez moi. Je n'aurais su expliquer pourquoi j'étais ainsi, c'est la nature qui m'a créée alors ce serait à elle qu'il faut le demander. Ce n'était pas plus facile pour moi que pour ma mère de m'adapter à cette situation, j'avais fini par oublier toute part d'humanité qui avait pu exister en moi, autrefois, lorsque que j'étais plus jeune. Je n'ai pourtant pas été traumatisé dans mon enfance, j'étais bien. Enfin je crois, je ne m'en souviens pas très bien mais la plupart du temps j'étais heureux. Mon regard glissa jusqu'au portrait de famille qu'on avait fait, lorsqu'on était encore tous ensemble. Là où ma mère aurait fondu en larme, je restais insensible. Je fixais les visages figés de notre famille, qui n'était plus désormais. Ils étaient partis et je crois bien qu'ils ne reviendraient jamais nous voir. Je refixais le plafond, trop occupé à observer toutes les fêlures de cette maison plutôt que de penser au passé. Et puis demain il fallait que j'aille au lycée, encore. Toujours cette même routine inutile, chaque jour suivait la veille et j'avais l'impression de tourner en rond. Inutile de dire que je ne travaillais pas à l'école, ce n'était pas quelque chose qui m'intéressait et je n'en voyais pas l'intérêt. Je glissais lentement dans le sommeil, bercé par le bruit de l'aspirateur et les nombreuses voitures qui passaient sur la route qui se trouvait en bas de notre immeuble. Comme toutes les nuits, je rêvais d'eux, de notre famille, d'un moi presque normal. Je jouais, je riais et je courrais partout, comme n'importe quel enfant de huit ans. On aurait pu croire que le réveil fut terrible, mais non. Je me redressais, éteignais mon réveil tranquillement et m'observais un instant.
Tu t'es encore endormi tout habillé ! Tu fais vraiment n'importe quoi en ce moment, tu pourrais prendre au moins cinq minutes pour te changer avant de dormir.
Je haussais les épaules et elle se pencha vers moi pour m'embrasser. Je déposais un baiser sur sa joue et me levais, m'étirant longuement. Elle posa mes vêtements sur mon lit et je la fixais un instant, légèrement interdit. Depuis quand elle s'occupait de moi et me préparais mes vêtements avant que j'aille en cours ?
- C'est quoi ça ? - Des vêtements pour ta nouvelle école, je t'ai inscrite dans un établissement spécial pour les gens comme toi. - Les gens comme moi ? Tu peux développer s'il te plaît ?
Elle se tue soudainement et baissa les yeux. Elle ouvrit la bouche, la referma, elle était hésitante et semblait avoir peur de ma réaction. J'arquais un sourcil, vaguement impatient, essayant de la faire parler. Si il y avait d'autres gens comme moi, c'était quelque chose d'utile que je les rencontre : je me sentirais probablement moins seul avec eux, moins incompris. Quand bien même l'avis des autres ne m'importe pas, il fallait avouer que se faire dévisager comme un monstre n'étais pas toujours très plaisant. Je toussais, croisais les bras, l'obligeait à me regarder dans les yeux, pour qu'elle avoue. Je n'allais pas passer la journée à attendre qu'elle daigne me répondre, il fallait que j'aille dans « l'établissement pour les gens comme moi ».
- Et bien tu rencontras là-bas un monsieur qui vas étudier ton comportement et qui pourras nous dire quel est ton problème. Et tu pourras poursuivre tes études, même si ce n'est pas ce qui te préoccupe le plus en ce moment ...
Un genre de nouvelle, qui en gros est finie mais vite fait, enfin bizarre quoi :)
- Spoiler:
Je sentais mon sang vibrer dans mes veines au rythme de mes puissantes foullées. Je sentais le sol dur contre mes pas. Je sentais le vent fouetter mon visage. Je sentais le froid de la neige sur ma peau bouillante. Je sentais tout ça mais c’était comme si tout se passait au ralenti, en noir et blanc, comme dans les vieux films. Le sol se tapissait de neige au fur et à mesure de ma course folle, des branches m’érraflaient le visage et des pierres ralentissaient ma course en me faisant trébucher. On m’a toujours dit que quand on est poursuivi par quelqu’un ou quelque chose il ne faut jamais regarder en arrière. On ne comprend pas pourquoi tant que cela ne nous arrive pas. Je n’avais qu’une seule idée : fuir le plus loin possible, je ne prenais pas le temps de réfléchir et je courrais droit devant moi. J’eus l’impression que le temps s’arrêtait quand mon pied se prit dans une racine et je me sentis plonger vers le sol lentement. J’heurtais violemment le sol, et ne me relevais pas, sombrant dans l’inconscience. Cet état est tellement plus tranquille : on ne sent pas la douleur, on ne ressent pas la peur. On ne ressent rien, le temps s’arrête et plus rien ne semble perturber notre tranquillité. Je pense que c’est cette inconscience qui m’a sauvée ce soir là. Quand je me réveillais, j’étais dans une chambre d’hopital. Des moniteurs bippaient avec irritation, tout était blanc et les lumières aveuglantes. J’avais des tuyaux partout, au moins trois perfusions et je souffrais horriblement. J’avais l’impression que ma tête était compressée dans un étau, de brûler de l’intérieur. J’avais tellement mal que des larmes glissèrent le long de mes joues couvertes d’érraflures. Et puis je me mis à avoir mal au cœur et à sangloter, sans savoir pourquoi. Je ne savais pas pourquoi j’étais là, j’avais peur de je ne sais quoi et les souvenirs refaisaient surface. Je revivais cette soirée terrible en accélèré, la plus horrible de toute ma vie je crois. Quand je me mis à hurler de douleur, des medecins en blouse blanche et des infirmières arrivèrent. Je voyais tout en flou, j’avais mal et j’étais complètement désespérée. Je sombrais de nouveau dans l’insconcience après que l’on m’ait injecté une quelquonque dose de médicament et je me laissais flotter avec douceur dans le néant. L’insconscience était tellement plus simple, je ne sentais pas cette douleur qui irradiait à la fois de mon cœur et de ma tête, je n’avais plus à essayer de trouver des raisons à mes souffrances ni me remémorer tous ces souvenirs. J’étais assise confortablement dans la voiture, mes parents conduisaient. On écoutait de la musique, on riait aux éclats, mon père racontait ses blagues nulles comme toujours. Ma mère souriait, de son sourire qui faisait ressortir ses faussettes et ses traits fins. Mon père lançait des regards en coin à ma mère, remplit de tendresse et d’amour. Mes parents s’aimaient, ils s’étaient toujours aimés. Ma mère était une belle blonde plantureuse, le genre de fille qui devait faire craquer tout le monde au lycée. Mais je n’en sais rien, elle n’a jamais eut le temps de m’en parler. Elle était adorable, s’occupait tout le temps de moi, était souriante, douce et attentive. Mon père était tout le contraire de ma mère. Brun, les yeux sombres, les cheveux toujours en bataille et très mystérieux et renfermé, il semblait inaccessible. Il travaillait beaucoup et gagnait beaucoup d’argent mais n’était pas souvent à la maison. Mais malgré ses sautes d’humeur, il m’aimait et je le savais. Il a toujours été là pour moi, pour me réconforter et me serrer dans ses bras quand j’en avais besoin. Il n’a jamais été doux ni tendre mais au fond, je ne pouvais rien y faire. Ma mère remplaçait ce manque d’affection en me couvant tout le temps, me prenant pour une petite fille alors que je ne l’étais plus depuis longtemps. Tout deux s’équilibraient parfaitement et notre famille était harmonieuse et heureuse. Mais ce jour-là, notre vie à tous les trois fut brisée. Nous chantions à tue tête, mes parents ressemblaient à deux adolescents qui se volaient des baisers. Mon père n’était pas concentré sur la route. Contrairement à ce que l’on peut penser, il n’y eut pas d’accident, non. On tomba tout simplement en panne, à sept heures du soir, en plein milieu de la forêt. Tout de suite, l’euphorie se transforma en inquiétude. Je n’étais pas en confiance et ma mère non plus. Les portables ne captaient rien et la seule solution était soit d’attendre que quelqu’un passe soit de partir à pied. Une voiture arriva. Mon père descendit avec ma mère. Tout se passa très vite : il y eut des cris, des bruits de course, des chocs sourds. Par réflexe, je sautais de la voiture et me mit à courrir droit devant moi. J’avais peur, mais je ne savais pas ce qui était arrivé à mes parents. Je me redressais en sursaut dans mon lit, trempée de sueur, des mèches de mes cheveux collées à ma peau. Je regardais autour de moi d’un air affolé et une machine se mit à bipper avec frénésie. Une infirmière arriva quelques secondes après mon réveil mouvementé et s’approcha de moi avec un sourire qu’elle voulait confiant et amical. Je me rallongeais dans mon lit et posais un regard apeuré sur la brune en blouse blanche qui s’approchait de mon lit avec cette attitude crispée qu’ont les gens qui portent une lourde responsabilitée. Et je plaignais cette jeune femme car sa tâche n’était pas des plus facile. Elle s’éclaircit la gorge, regarda par la fenêtre avant de poser un regard légèrement angoissé sur moi. Bonjour mademoiselle Cladway. Vous êtes à l’hôpital public Necker à Paris, vous avez un double traumatisme cranien et beaucoup de bleus et d’érraflures. J’ai également le regret de vous annoncer que vos parents sont décédés. Je me sentais mal. Ma tête se mit à tourner, tout bascula autour de moi. J’eus un haut le cœur et eus juste le temps de me pencher par-dessus la barrière pour vomir. Je me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps et la pauvre infirmière ne savait plus où se mettre. Elle préféra m’abandonner dans mon malheur et s’en alla, me laissant toute seule avec cette blessure béante dans mon cœur. Je continuais de pleurer et d’hurler, ne pouvant supporter que mes parents soient morts. Je ne comprenais pas pourquoi j’étais toujours en vie et pas eux, je ne méritais pas de vivre ! Je finis par m’endormir, enfin je pense, le chagrin laissant place à la fatigue. Je ne savais pas ce que j’allais devenir et je n’y avais pas encore pensé. Je savais juste que les personnes qui comptaient le plus pour moi avaient disparu et je me retrouvais orpheline à quartorze ans. La pire journée de ma vie avait eue lieu, j’avais mal, j’étais désespérée et seule. On se dit toujours que les malheurs n’arrivent qu’aux autres mais le jour où l’on se rend compte que ce n’est pas vrai, on souffre. Personne ne peut comprendre cette douleur qui te ronge de l’intérieur, ce mal qui te serre la poitrine et t’empêche de respirer, ce fléau qui fait couler tes larmes, cette plaie qui restera à jamais béante, cette souffrance qui te ronge le cœur petit à petit, cette disparition qui détruit ta vie. Et tout cela par la faute d’un seul individu, qui en quelques minutes à peine avait détruit ma vie pour son simple plaisir. Des bruits de chuchotements me réveillèrent. J’étais plus calme désormais, j’avais à peu près digéré la mort de mes parents. Je me mordis la lèvre jusqu’au sang pour ne pas pleurer en pensant à eux. Cela faisait désormais deux semaines que j’étais à l’hopital, enchainant crise de nerf sur crise de nerf, déprimant et ne mangeant plus. J’avais remonté la pente seule, personne n’était venue me soutenir, personne n’était venu me consoler, personne ne m’avait offert son épaule pour pleurer, personne n’avait été là pour moi. Je sentais que les gens ressentaient uniquement de la pitié pour moi. Je finissais par m’intérésser aux personnes présentes dans la pièce et remarquais deux hommes qui portaient l’uniforme de la police. Je frémis : je redoutais étrangement ce moment, sans savoir pourquoi. Je me demandais si ce serait comme dans les films policiers. Ils remarquèrent enfin que je m’étais réveillé et m’offrirent un grand sourire réconfortant mais leurs regards signifiaient tout le contraire. Je baissais les yeux quand il s’arrêtèrent près de mon lit, renfermée dans mon mutisme. Ils allaient me poser des tonnes de question et j’aurai mal, je le savais déjà. Bonjour mademoiselle Cladway, nous sommes de la police. Nous savons que vous traversez une épreuve très difficile mais nous aimerions vous poser quelques questions au sujet de la disparition tragique de vos parents. Il avait une voix qui sonnait faux, ses excuses elles aussi. J’aurai tellement aimé lui répondre que non, je ne voulais pas répondre à ses questions mais je n’avais pas le choix. J’avais une boule dans la gorge, un noeud dans le ventre et les yeux qui brulaient. Mais je n’avais pas le choix, il fallait que je le fasse pour aider mes parents. Je … Je suis vraiment … désolée … mais je ne me souviens pas de grand-chose … Je bégayais. Ma voix était cassée, j’avais mal à la gorge. Je n’avais pas parlé depuis tellement longtemps … Le médecin qui était resté non loin m’apporta un verre d’eau et je le bus sans me poser de question, le vidant d’un trait. Il apaisa quelque peu les brulures de ma gorge mais les larmes brûlantes glissèrent sur mes joues. Je me passais la main sur les joues pour les essuyer avant de replonger mon regard sur le policier qui prenait la parole et semblait embarassé. Je comprends bien la difficulté de la chose mademoiselle, mais nous avons besoin que vous nous racontiez ce qui vous est arrivé ce soir là. Le médecin fronça les sourcils d’un air sévère et contrarié mais le policier l’ignora, le regard planté dans le mien. J’ouvris la bouche plusieurs fois, la referma et ferma les yeux un instant. J’inspirai un grand coup, hoquetai violemment et lançais un regard désespéré autour de moi, à la recherche de quelqu’un pour m’épauler dans cette épreuve. Mais il n’y avait personne. Je pris mon courage à deux mains et reposais mon regard sur le policier. On était dans la voiture. On tombe en panne. Une voiture s’est arrêtée … Je frissonnais violemment de nouveau et me balançais d’avant en arrière, les larmes débordant des mes yeux si mornes. Je revivais ce moment en même temps que j’en parlais, je me souvenais de tout comme si j’étais en train de le vivre. Je me rappellais l’odeur et le toucher du cuir sur ma peau, le bruit de la voiture qui arrivait, les cris, les chocs sourds. Je me rappellais ma peur vive et ma soudaine envie de fuir, ma course folle dans la forêt et la chute violente. J’avais l’impression d’être là-bas encore une fois et cela m’était insupportable. Je me forçais quand même à répondre, hurlant à moitié, pleurant toutes les larmes de mon corps. Ils ont criés, c’était horrible ! Je suis partie, je les ai abandonné, j’aurai dû rester les aider ! J’aurai dû mourir moi aussi ! Ils n’avaient pas le droit de me laisser ! Ils n’avaient pas le droit ! Voyant que je commençais de nouveau à faire une crise de nerf, le médecin fit rapidement sortir les policiers pendant que je hurlais de douleur, la peine me transperçant de nouveau le cœur. Je pleurais autant que je le pouvais, je répétais qu’ils n’avaient pas le droit de me laisser, qu’ils n’avaient pas le droit de m’abandonner sans fin, me balançant d’avant en arrière en me prenant la tête dans les mains. Le médecin m’injecta une dose de calmant et je m’effondrais après quelques secondes, replongeant de nouveau dans l’insconcience. J’avais horriblement mal et je ne savais pas comment je ferais pour m’en remettre. Je n’avais plus de vie, plus aucune raison de vivre, ma vie était détruite. Je ne reverrais plus jamais le magnifique sourire de mes parents, je n’entendrais plus les vieilles blagues de mon père, je ne sentirais plus jamais l’odeur fraîche de ma mère. Tout cela était perdu à jamais, disparu, je ne le retrouverais plus. J’avais perdu mes marques, je n’avais plus de sens à donner à ma vie. Je passais la semaine qui suivit dans un état déplorable, chamboulée par tout ce qui venait de m’arriver. La police m’avait appris que mes parents avaient été tués par un tueur en série et que j’avais échappé à la mort à cause de ma chute. J’étais tombée dans le coma et le meurtrier avait pensé que j’étais morte. La police l’avait retrouvé et il était désormais en prison, attendant d’être jugé. Un mois après la mort de mes parents, j’allais un peu mieux. J’étais quasiment guérrie même si je gardais quelques cicatrices à certains endroits. Je me reveillais et pris enfin conscience du jour et de l’heure. Nous êtions le trois février et il était neuf heures trente quatre du matin. Je me levais et me dirigeais vers la minuscule pièce qui me servait de salle de bain. J’observais mon reflet dans le miroir et j’en fus choquée : ma peau était jaunâtre et j’avais les yeux rouges et des cernes noires. Mes cheveux étaient ternes et sales, mes lèvres étaient désséchées. Je reculais, profondément alarmée par mon état physique. Mes yeux habituellement d’un bleu vif et pétillant de vie était ternes et exprimaient la peur et l’incompréhension. Mes cheveux toujours bruns roux, brillants et légèrement bouclés étaient raides et abimés. J’étais pronfondément atteinte par mon état de santé. Je décidais de me reprendre en main, pour que mes parents soit fiers de moi car j’en étais sure, ils veillaient sur moi de là-haut. Je montais dans la douche et me douchais avec application, offrant un bon shampooing à mes cheveux. Je me séchais et enfillais une longue tunique trouvée dans mon placard plutôt vide. Je séchais mes cheveux à l’aide d’un sèche cheveux très peu fonctionnel. Une fois sec, ils retombèrent légèrement ondullé sur mes épaules mais étaient toujours aussi sombre. Je soupirai et m’acharnai à coiffer ma frange trop longue. Quand je fus à peu près satisfaite de mon image, je me brossais longuement les dents, suffisemment longtemps pour rattraper le temps perdu. Quand je retournais dans ma chambre, je tombais nez à nez avec le medecin. J’avais l’étrange impression de le voir pour la première fois, comme si je ne m’étais jamais attardé sur son physique. Il avait les cheveux mi-longs d’un blond clair, les yeux bleus et tout en lui exprimait la gentilesse. Il semblait très calme, et heureux de voir que je m’étais remis sur pied. Son visage était avenant, il était assez grand et devait avoir dépassé la trentaine depuis plusieurs années déjà. Je m’étonnais de n’avoir jamais remarqué toutes ces caractéristiques parce qu’il était plutôt élégant pour son âge. Il était très souriant et avait l’air franc. Son sourire me fit énormément plaisir et je ne pus m’empêcher de le lui rendre, une chose que je n’avais pas fait depuis très longtemps et qui me fit une sensation étrange. Il s’avança vers moi et me tendit la main, comme si c’était la première fois que l’on se voyait. Je regardais un instant sa paume avant de lui serrer la main et de le regarder dans les yeux, les sourcils froncés par la perplexité. Je lui relâchais la main après quelques secondes d’observation mutuelle. Mon bras retomba le long de mon corps, bâlant, et j’attendis avec patience que le médecin prenne la parole. Mademoiselle Cladway … Je vois que vous allez un peu mieux ce matin. Euh … Oui j’ai essayé de faire un … effort … Je me râclais la gorge et détournais le regard, sans vraiment savoir pourquoi. Le regard doux et compatissant du médecin me mettait mal à l’aise mais je ne comprenais pas ce qui me dérangeait dans son attitude. C’est surement qu’il était un peu trop compatissant et agréable par rapport à tous les autres gens que j’avais croisé. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi tout le monde ressentait de la pitié envers moi mais qu’on me prenne pour une personne normale quelques instants m’était essentiel. Et le médecin m’offrait cette sensation d’être comme les autres adolescentes de mon âge, pendant quelques secondes, mais c’était déjà mieux que rien … Pendant ce début de conversation, je ne pensais plus à mes parents ni à tout le malheur qui venait de m’arriver et c’était un grand changement pour moi. Je finissais enfin par comprendre que, à force d’essayer d’oublier et de passer du baume sur ma blessure, elle se refermerait mais une cicatrice sera toujours présente pour me rappeller qui je suis. J’arrêtais le flot ininterrompu de mes pensées quand le médecin reprit la parôle, interrompant ma sensation de normalité soudaine. Comme vous semblez un peu plus dans des conditions positives pour réfléchir, il faut qu’on parle de l’endroit où vous irez quand vous sortirez de l’hôpital. Je fronçais les sourcils, la bouche entre-ouverte. J’allais lui répondre que j’étais bien ici, que je n’avais pas besoin d’aller ailleurs mais je me rendis compte que ce n’était pas très intelligent et que je n’allais pas rester ici pendant des années. Mais je ne connaissais pas ma famille, ma mère était orpheline et sa famille d’acceuil était décédée dans un accident de voiture. J’eus un frisson en pensant à cela, mais reprit rapidement ma concentration pour trouver un endroit où je pourrais aller. Du côté de mon père, il était fils unique et seule ma grand-mère était encore en vie et elle était dans une maison de retraite aux dernières nouvelles. Je reposais mon regard sur le médecin, intriguée et le regard remplit de curiosité mélangée à de l’inquiétude. Je n’avais qu’une peur : qu’on me mette en famille d’acceuil et que je sois de nouveau traitée comme quelqu’un d’anormal aux yeux des autres … J’eus une hésitation, la voix toujours hésitante et rauque mais j’étais un peu plus bavarde qu’avant. Mais … Je n’ai pas de famille ! Et je refuse d’aller en famille d’acceuil ! Mes yeux étaient brillants de larmes : je ne connaissais pas la réponse du médecin mais je me doutais, d’avance, qu’il allait me dire que, malheureusement, personne ne s’était proposé et que j’irai dans une quelconque famille à l’autre bout de la France … Je fermais les yeux quelques secondes, juste pour reprendre mes esprits et contenir mes larmes. Cette idée m’insupportait. Quand je me décidais à rouvrir enfin les yeux sur le monde, j’apperçevais le sourire doux et apaisant du médecin. Je me sentais bête de réagir ainsi mais il devait en voir tous les jours des jeunes filles comme moi, sans un seul endroit où aller. Il finit tout de même par répondre à ma « question ». Votre tante paternelle s’occupera de vous. Elle habite en Loire-Atlantique près de la mer. Je l’observais, la bouche entrouverte, choquée par ce qu’il venait de dire. Une tante, quelle tante ? Je n’en avais jamais eue une et je ne vois pas d’où elle venait ! Mon père m’avait toujours dit qu’il était enfant unique et qu’il ne connaissait pas de personne qui avait des liens parentés avec lui.
Voilà pour l'instant :) |
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